Le travail idéal existe-t-il ?
Par Mathieu Pinard
Il y a quelques jours je lisais un article sur le blog de Welcome to the jungle qui parlait de « mettre un terme à la culture du burn-out ». Le sujet du burn-out n’est pas léger, c’est le moins que l’on puisse dire, mais l’angle de vue était plutôt inhabituel. Dans les (très) grandes lignes, il présente le burn-out comme une « sortie de piste » involontaire qui naît de la confrontation entre nos idéaux professionnels et la réalité de notre travail. Une recherche de réalisation personnelle reliée trop exclusivement au travail, qui nous entraine dans un engagement démesuré et destructeur.
L’auteur à l’origine de cette réflexion s’appelle Jonathan Malesic : il a lui-même vécu un burn-out, qui a radicalement changé sa vision du travail, et de la place qu’il souhaite désormais lui donner dans sa vie : plus modeste.
C’est quoi, finalement, un métier idéal ?
Une phrase plus particulièrement m’a interpellé, qui disait à propos de la recherche du travail idéal « Peut-être que c’est simplement le métier qui ne nous accapare pas au détriment de nos proches, de nos loisirs, de notre vie spirituelle et de tout ce qui a du sens pour nous. » En plus de me questionner sur mon propre rapport au travail 😊, cette question m’a amené à me demander : c’est quoi, finalement, un métier idéal ?
La question du travail idéal est souvent un thème central dans un bilan de compétences : en réalisant un bilan, on cherche (entre autres choses !) à identifier une activité professionnelle qui va cocher le plus de cases possibles : valeurs, intérêts, talents, compétences, conditions, environnement, rémunération,… la liste est longue et nos attentes sont parfois contradictoires.
Alors, cette recherche d’un travail idéal serait elle un miroir aux alouettes ? Est-ce qu’on mise finalement trop sur le boulot ?
Bonheur au travail : mythe ou ambition ?
La question mérite d’être posée, d’autant plus que la place que l’on donne au travail dans notre société est de plus en plus questionnée. Elle n’a pas toujours été aussi centrale, et l’idée que l’on puisse accéder à un meilleur épanouissement personnel ou même à une forme de bonheur, par le travail est un concept récent. Pour la génération de nos grands-parents, l’idée d’associer ces deux thèmes aurait même sans doute paru étrange. On travaillait avant tout pour subvenir à ses besoins matériels, et c’est toujours vrai aujourd’hui, même si on a parfois tendance à l’oublier.
En animaux sociaux que nous sommes, nous avons en effet besoin des autres pour nous sentir exister, et le travail fait vraiment bien le job sur ce coup-là (je vous laisse juge de la qualité du jeu de mot). Il nous offre une place dans la société, un statut, des contacts, il répond à notre besoin de faire partie d’un collectif, d’être intégré. Dans un monde qui valorise en plus encore beaucoup le fait de « travailler dur », tout nous encourage à nous investir fortement dans un métier dans lequel nous pourrons nous réaliser, trouver notre place.
Un métier, mais pas que…
Mais comme pour beaucoup de choses, il n’est pas forcément bon de mettre tous ses œufs dans le même panier. S’il est bien sur important de choisir un métier avec des activités que nous aimons réaliser, une entreprise dans laquelle nous nous sentons respecté en tant qu’individu, qui nous permette d’utiliser nos compétences, de continuer à apprendre, ce travail n’a pas pour autant forcément vocation à utiliser 100% de nos investissements (ou de nos œufs !). Il se place dans un contexte plus large, qui s’appelle… la vie !
Pour construire un rapport équilibré entre vie personnelle et vie professionnelle, il est essentiel de prendre conscience de ses attentes, de ses besoins, de définir des priorités, et souvent de poser des limites. Identifier ce que l’on peut attendre de la sphère professionnelle, et ce qui relève de la sphère personnelle. Comprendre ce qui nous apporte de la satisfaction, et au contraire ce qui nous use. Et envisager les moyens de concilier des éléments contradictoires : s’engager pleinement dans le travail, mais savoir également déconnecter. Travailler pour payer ses factures, mais y trouver de la satisfaction. Avoir plaisir à arriver au travail, comme à en partir. Être heureux de partager des aventures humaines, mais ne pas s’en sentir dépendant.
Le travail idéal : une équation personnelle
Nous avons cette possibilité de pouvoir réfléchir dans un sens différent à notre relation au travail : nous pouvons adapter notre activité professionnelle à notre vie, plutôt que l’inverse. Choisir de changer de métier, ou choisir de le faire évoluer. Les ingrédients sont identiques : il sera toujours question de valeurs, d’intérêts, de talents, de compétences, de rémunération… mais également de garder le travail à sa juste place, c’est-à-dire celle que nous voulons lui donner.
Et il s’agit là d’une équation personnelle.