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Et si le doute nourrissait la confiance en soi ?
Par Mathieu Pinard
« On me dit que je pose trop de question, je me demande si ce ne sont pas les autres qui ne s’en posent pas assez »
Le doute, ce mal-aimé…
Le doute est souvent mal perçu dans nos sociétés pressées de décider. Il faut aller vite : ainsi le doute et sa cousine germaine l’hésitation sont souvent assimilés à de la perte de temps, ou pire à de l’indécision. L’indécision est quant à elle vite cataloguée comme une forme de faiblesse, proche d’un manque d’assurance, ou même d’un manque de confiance en soi. Si l’on doute, si l’on est indécis, alors c’est que l’on est pas assez sûr de soi, que l’on manque de confiance dans son propre jugement. Tout est dit : douter, dans cette vision des choses, c’est manquer de confiance en soi.
Je suis à titre personnel quelqu’un qui doute beaucoup. J’ai tendance à peser le pour et le contre de mes choix, à envisager des scénarios avant d’avancer dans un sens ou dans l’autre. J’ai besoin de temps pour m’engager quand les enjeux me paraissent importants. Mais cela ne m’a jamais empêché de décider, et j’ai plusieurs fois fait des choix radicaux, qui ne me permettaient pas de retour en arrière, notamment en ce qui concerne mon parcours professionnel.
Faire confiance à son intuition
Je fais également régulièrement des choix qui me semblent moins importants sur des « coups de tête », et j’aime dans ce cas faire confiance à mon intuition, pour des petites choses de la vie courante : choisir un plat au restaurant, décider d’une destination pour les vacances, me laisser guider par mon sens de l’orientation pour me diriger à pied ou en voiture dans une ville que je ne connais pas. Je prends le risque dans ce cas de me tromper, mais je l’accepte bien volontiers, non seulement parce que c’est très souvent l’occasion d’une bonne surprise, de réaliser qu’on a eu raison d’écouter son intuition, de se faire confiance, mais également parce que même si ce n’est pas le cas, c’est finalement l’occasion de prendre les choses avec du recul, en se disant que même si nos choix ne sont pas toujours les bons, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : je mange, je pars en vacances, ou j’ai l’occasion de me déplacer dans une ville que je connais pas.
Douter, c’est faire preuve d’intelligence
Mais plus les choix sont importants, plus les doutes vont être présents. Et c’est bien normal : nous avons besoin d’envisager les conséquences de nos choix pour nous engager pleinement. Et à mon sens savoir entendre ses doutes, c’est faire preuve d’intelligence et de confiance en soi : c’est être conscient que les situations sont parfois complexes, que les enjeux peuvent être multiples, que les résultats de nos choix peuvent être inattendus. Douter c’est envisager la complexité du monde au travers de notre propre grille de lecture. Qu’est ce qui est important, et qu’est ce qui ne l’est pas pour nous ?
Mais douter ne doit pas nous empêcher de décider. Et décider, c’est avancer quand les informations que nous avons ne nous permettent pas de choisir.
Choisir ou décider ? That is the question !
Dans son livre « La confiance en soi, une philosophie1 » Charles Pepin fait cette différence fondamentale entre le fait de « choisir » et le fait de « décider ». Il présente le choix comme un processus rationnel, qui permet d’écouter les arguments de sa raison et d’en tirer des conséquences logiques. On choisit d’acheter une voiture ou une maison par exemple. A contrario, décider est décrit comme la capacité à écouter le mouvement de la vie en soi et à lui donner son assentiment, parfois au prix de la raison : on décide de se marier, d’avoir un enfant, d’acheter un bateau pour faire le tour du monde. Décider dans cette optique, c’est avancer dans le doute, malgré le doute.
Douter et décider
Le doute n’est pas opposé à la décision, et au contraire peut nourrir la confiance en soi, à condition de voir les doutes pour ce qu’ils sont : l’expression de nos réflexions, de nos sentiments. La décision est dans ce cas le fruit à la fois de l’écoute de ses propres arguments et de la confiance que l’on donne à son propre jugement. Douter, c’est savoir s’écouter et intégrer ses valeurs dans ses décisions. Douter, c’est prêter attention à sa sensibilité, à sa perception des choses.
Et si le doute est en toute logique un frein naturel au choix (dans le sens où le choix est dans ce cas un processus un peu plus long), il n’est pas un frein à la décision.
Vous doutez ? Réjouissez-vous !
Soyez attentifs à ce que vous disent ces doutes, et faites le choix d’avancer progressivement, en toute conscience de ce qui important pour vous.
« J’aime les gens qui doutent
Les gens qui trop écoutent
Leur cœur se balancer
J’aime les gens qui disent
Et qui se contredisent
Et sans se dénoncer »
Anne Sylvestre, Les gens qui doutent.
1 Charles Pepin, La confiance en soi, une philosophie. Allary Editions 2018.
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